Digan. 1957-2007 50 ans d'activité poterie scuplture gravure /

C'est un jubilé, ou presque : cela fera bientôt cinquante ans que je côtoie Pierre Digan et son travail d'artiste. Artisan d'abord, potier à La Borne, village caché dans les forêts et les bocages du Pays Fort berrichon. Caché mais pas perdu voué au grès par la qualité de la terre, sa richesse en bois et en eaux, connu et fréquenté pour cela par toute l'internationale céramiste : dans les années soixante, ses habitants étaient anglo-saxons, scandinaves, australiens, russes, antillais. Et cet artisanat ancestral, bousculé et fécondé dans ses traditions par cette irruption d'une génération jeune et vagabonde, s'est vite imposé de plain-pied dans la modernité de ses formes et de ses matières. De cette rupture, Pierre Digan a été un acteur majeur. Par la robustesse de ses pièces, et par le rôle laissé à la rugosité de la terre et aux imprévus du feu. La force de ses réalisations et la personnalité affirmée de son style se sont imposées très vite. A l'époque ses amis s'amusaient à repérer ses écuelles et ses pichets mobilisés dans les films et les dramatiques-télé paysannes. Des pièces qui rejoignaient par leur forte présence ces affirmations des artisans zen japonais pour lesquels la perfection d'un bol déborde la simple fonction utilitaire pour devenir une métaphore du monde. Mais Pierre Digan n'est pas un contemplatif, c'est un impatient. Très vite, il élargit ses préoccupations plastiques en travaillant avec des cabinets d'architecture et en faisant du grès un art de designer et de muraliste. En quittant ensuite le Berry sédimentaire pour le Limousin granitique, la glaise pour la pierre, la pierre tellurique des origines, qui donne une noblesse monumentale à la moindre chaumière de métayer. Il travaille aussi la gravure. Sans abandonner pour autant la pratique de ses débuts : à Vallauris, la capitale provençale de la céramique, il ouvre avec le raku le nouveau chapitre d'un travail multiple dans ses pratiques et obstinément fidèle à lui-même dans la diversité de ses expressions." Georges Châtain